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dogme, et montrer qu’en conséquence le plus criminel n’est pas toujours le plus malheureux, et que l’un marche au supplice par la route qui mene l’autre à la fortune, que les Indiens mahométans racontent une fable assez singuliere.

Le besoin, disent-ils, assembla jadis un certain nombre d’hommes dans les déserts de la Tartarie. Privés de tout, dit l’un, nous avons droit à tout. La loi qui nous dépouilla du nécessaire pour augmenter le superflu de quelques rajahs est une loi injuste. Rompons avec l’injustice. Il n’est plus de traité où l’avantage cesse d’être réciproque. Il faut ravir à nos oppresseurs les biens qu’ils nous ont ravis. À ces mots, l’orateur se tait : l’assemblée, en frémissant, applaudit à ce discours : le projet est noble ; on veut l’exécuter. On se divise sur les moyens. Les