monde que des choses ou des personnes ; que la bonne compagnie est ordinairement peu instruite ; qu’elle ne s’occupe guere que des personnes ; que l’éloge est ennuyeux pour quiconque n’en est point l’objet, et qu’il fait bâiller les auditeurs. Aussi ne cherche-t-on dans les cercles qu’à malignement interpréter les actions des hommes, à saisir leur côté foible, à les persiffler, à tourner en plaisanterie les choses les plus sérieuses, à rire de tout, et enfin à jeter du ridicule sur toutes les idées contraires à celles de la bonne compagnie. L’esprit de conversation se réduit donc au talent de médire agréablement, et sur-tout dans ce siecle, où chacun prétend à l’esprit et s’en croit beaucoup ; où l’on ne peut vanter la supériorité d’un homme sans blesser la vanité de tout le monde ; où l’on ne distingue
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