bonheur. L’esprit n’a point de part au triomphe : l’esprit est donc étranger au sentiment de l’amour. D’ailleurs l’excès de la passion d’un amant promet mille plaisirs à l’objet aimé. Il n’en est pas ainsi d’un ambitieux : la violence de son ambition ne promet aucuns plaisirs à ses complices. Si le trône est l’objet de ses desirs, et si pour y monter il doit s’appuyer d’un parti puissant, ce seroit en vain qu’il étaleroit aux yeux de ses partisans tout l’excès de son ambition ; ils ne l’écouteroient qu’avec indifférence s’il n’assignoit à chacun d’eux la part qu’il doit avoir au gouvernement, et ne leur prouvoit l’intérêt qu’ils ont de l’élever.
L’amant enfin ne dépend que de l’objet aimé ; un seul instant assure sa félicité : la réflexion n’a pas le temps de pénétrer dans un cœur d’autant