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sienne, il n’est presque point d’Anglais qui ne se croie un être d’une nature supérieure, qui ne prenne les Français pour des têtes frivoles, et la France pour le royaume Babiole : ce n’est pas qu’il ne pût facilement s’appercevoir que c’est non seulement à la forme de leur gouvernement que ses compatriotes doivent cet esprit de patriotisme et d’élévation inconnu à tout autre pays qu’aux pays libres, mais qu’ils le doivent encore à la position physique de l’Angleterre.

En effet, pour sentir que cette liberté dont les Anglais sont si fiers, et qui renferme réellement le germe de tant de vertus, est moins le prix de leur courage qu’un don du hasard, considérons le nombre infini de factions qui jadis ont déchiré l’Angleterre ; et l’on sera convaincu que si les mers, en embrassant cet empire,