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verra la tyrannie infecter de son souffle les germes de tous les talents et de toutes les vertus, porter l’abrutissement, la crainte servile et la dépopulation du Caucase jusqu’à l’Égypte ; qu’enfin il apprendra qu’enfermé dans son serrail, tandis que le Persan bat ses troupes et ravage ses provinces, le tranquille sultan, indifférent aux calamités publiques, boit son sorbet, caresse ses femmes, fait étrangler ses bachas, et s’ennuie ? Frappé de la lâcheté et de la servitude de ces peuples, à la fois animé du sentiment de l’orgueil et de l’indignation, quel Français ne se croira pas d’une nature supérieure au Turc ? En est-il beaucoup qui sentent que le mépris pour une nation est toujours un mépris injuste ; que c’est de la forme plus ou moins heureuse des gouvernements que dépend la supériorité d’un peuple