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on fait peu de cas de l’esprit, et si l’on a plus de considération à Ispahan, à Constantinople, pour l’eunuque, l’icoglan ou le bacha, que pour l’homme de mérite, c’est qu’en ces pays on n’a nul intérêt d’estimer les grands hommes. Ce n’est pas que ces grands hommes n’y fussent utiles et desirables ; mais aucun des particuliers dont l’assemblage forme le public n’ayant intérêt à le devenir, on sent que chacun d’eux estimera toujours peu ce qu’il ne voudroit pas être.

Qui pourroit dans ces empires engager un particulier à supporter la fatigue de l’étude et de la méditation nécessaires pour perfectionner ses talents ? Les grands talents sont toujours suspects aux gouvernements injustes : les talents n’y procurent ni les dignités ni les richesses. Or les richesses et les dignités sont cependant les seuls