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courir le peuple à la Greve, et les gens du monde au théâtre ; que c’est ce même motif qui, dans une dévotion triste, et jusques dans les exercices austeres de la pénitence, fait souvent chercher aux vieilles femmes un remede à l’ennui : car Dieu, qui par toutes sortes de moyens cherche à ramener le pécheur à lui, se sert ordinairement avec elles de celui de l’ennui.

Mais c’est sur-tout dans les siecles où les grandes passions sont mises à la chaîne, soit par les mœurs, soit par la forme du gouvernement, que l’ennui joue le plus grand rôle : il devient alors le mobile universel.

Dans les cours, autour du trône, c’est la crainte de l’ennui, jointe au plus foible degré d’ambition, qui fait des courtisans oisifs de petits ambitieux, qui leur fait concevoir de petits