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nous préférons au beau, parcequ’il fait sur nous une impression plus neuve, et par conséquent plus vive. Voilà, dans les nations policées, la cause de la décadence du goût.

Pour connoître encore mieux tout ce que peut sur nous la haine de l’ennui, et quelle est quelquefois l’activité de ce principe[1], qu’on jette sur les

  1. L’ennui, il est vrai, n’est pas ordinairement fort inventif ; son ressort n’est certainement pas assez puissant pour nous faire exécuter de grandes entreprises, et sur-tout pour nous faire acquérir de grands talents. L’ennui ne produit point de Lycurgue, de Pélopidas, d’Homere, d’Archimede, de Milton ; et l’on peut assurer que ce n’est pas faute d’ennuyés qu’on manque de grands hommes. Cependant ce ressort opere souvent de grands effets. Il suffit quelquefois pour armer les princes, les entraîner dans les combats ; et, quand le succès favorise