Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les passions fortes, et l’autre par la haine de l’ennui.

L’ennui est dans l’univers un ressort plus général et plus puissant qu’on ne l’imagine : de toutes les douleurs c’est sans contredit la moindre ; mais enfin c’en est une. Le desir du bonheur nous fera toujours regarder l’absence du plaisir comme un mal. Nous voudrions que l’intervalle nécessaire qui sépare les plaisirs vifs, toujours attachés à la satisfaction des besoins physiques, fût rempli par quelques unes de ces sensations qui sont toujours agréables lorsqu’elles ne sont pas douloureuses. Nous souhaiterions donc, par des impressions toujours nouvelles, être à chaque instant avertis de notre existence, parceque chacun de ces avertissements est pour nous un plaisir. Voilà pourquoi le sauvage, dès qu’il a satisfait ses besoins, court