Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/221

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

confirmée d’ailleurs par mille faits, me prouve que, vertueux ou vicieux, selon que nos passions ou nos goûts particuliers sont conformes ou contraires à l’intérêt général, nous tendons si nécessairement à notre bien particulier, que le législateur divin lui-même a cru, pour engager les hommes à la pratique de la vertu, devoir leur promettre un bonheur éternel, en échange des plaisirs temporels qu’ils sont quelquefois obligés d’y sacrifier.

Ce principe établi, mon esprit en tire les conséquences : et j’apperçois que toute convention où l’intérêt particulier se trouve en opposition avec l’intérêt général eût toujours été violée, si les législateurs n’eussent toujours proposé de grandes récompenses à la vertu, et qu’au penchant naturel qui porte tous les hommes à