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Sans être contraires aux principes de notre religion, ces motifs suffisent pour nécessiter les hommes à la vertu. La religion des païens, en peuplant l’olympe de scélérats, étoit, sans contredit, moins propre que la nôtre à former des hommes justes. Qui peut cependant douter que les premiers Romains n’aient été plus vertueux que nous ? Qui peut nier que les maréchaussées n’aient désarmé plus de brigands que la religion ; que l’Italien, plus dévot que le Français, n’ait, le chapelet en main, fait plus d’usage du stylet et du poison ; et que, dans les temps où la dévotion est plus ardente et la police plus imparfaite, il ne se commette infiniment plus de crimes[1] que dans les siecles où la

  1. Il est peu de gens que la religion retienne. Que de crimes commis, même par ceux qui sont chargés de nous guider