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ce n’est que par le secours de l’ignorance ; c’est elle qui, cachant à chaque nation ses véritables intérêts, empêche l’action et la réunion de ses forces, et met par ce moyen le coupable à l’abri du glaive de l’équité.

À quel mépris faut-il donc condamner quiconque veut retenir les peuples dans les ténebres de l’ignorance ! On n’a point jusqu’à présent assez fortement insisté sur cette vérité : non qu’on doive renverser en un jour tous les autels de l’erreur : je sais avec quel ménagement on doit avancer une opinion nouvelle ; je sais même qu’en les détruisant on doit respecter les préjugés, et qu’avant d’attaquer une erreur généralement reçue, il faut envoyer, comme les colombes de l’arche, quelques vérités à la découverte, pour voir si le déluge des préjugés ne couvre point encore la face du monde,