Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acquittée que le mépris), prêtons l’oreille aux discours qui échappent aux gens d’esprit.

Semblables aux vendeurs de mithridate répandus dans une place publique, chacun d’eux appelle les admirateurs à soi, et croit les mériter seul. Le romancier se persuade que c’est son genre d’ouvrage qui suppose le plus d’invention et de délicatesse dans l’esprit ; le métaphysicien se voit comme la source de l’évidence, et le confident de la nature. Moi seul, dit-il, je puis généraliser les idées, et découvrir le germe des événements qui se développent journellement dans le monde physique et moral, et c’est par moi seul que l’homme peut être éclairé. Le poëte, qui regarde les métaphysiciens comme des fous sérieux, les assure que, s’ils cherchent la vérité dans le puits où elle s’est retirée, ils