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utile et recommandable à sa nation. Qu’importe au public la probité d’un particulier[1] ? Cette probité ne lui est de presque aucune utilité[2]. Aussi juge-t-il les vivants comme la postérité juge les morts. Elle ne s’informe point si Juvénal étoit méchant, Ovide débauché, Annibal cruel, Lucrece impie, Horace libertin, Auguste

  1. Le public doit des éloges à la probité d’un particulier ; mais il n’aime véritablement que l’espèce de probité qui lui est utile. La première sert à l’exemple ; et, quand elle n’est point nuisible à la société, elle est le germe de la probité utile au public, et concourt du moins à l’harmonie générale.
  2. Il est permis de faire l’éloge de son cœur, et non celui de son esprit : c’est que le premier ne tire pas à conséquence ; l’envie prévoit qu’un pareil éloge en obtiendra peu du public.