Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la gloire, que des libelles faits contre lui ? Non que je prenne ici le parti des libelles : mais enfin une flatterie peut, à son insu, détourner un bon prince du chemin de la vertu, lorsqu’un libelle peut quelquefois y ramener un tyran. Ce n’est souvent que par la bouche de la licence que les plaintes des opprimés peuvent s’élever jusqu’au trône[1]. Mais l’intérêt cachera toujours de pareilles vérités aux sociétés particulieres de la cour. Ce n’est peut-être qu’en vivant loin de ces sociétés qu’on peut se défendre des illusions qui les séduisent. Il est du moins certain que, dans ces mêmes sociétés,

  1. « Ce n’est point, dit le poëte Saadi, la voix timide des ministres qui doit porter à l’oreille des rois les plaintes des malheureux ; il faut que le cri du peuple puisse directement percer jusqu’au trône. »