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complice celui qui sollicite une pareille grace[1].

  1. « Je ne suis coupable, disoit Chilon mourant, que d’un seul crime ; c’est d’avoir, pendant ma magistrature, sauvé de la rigueur des lois un criminel, mon meilleur ami. »

    Je citerai encore à ce sujet un fait rapporté dans le Gulistan. Un Arabe va se plaindre au sultan des violences que deux inconnus exerçoient dans sa maison. Le sultan s’y transporte, fait éteindre les lumières, saisir les criminels, envelopper leur tête d’un manteau ; il commande qu’on les poignarde. L’exécution faite, le sultan fait rallumer les lambeaux, considere les corps des criminels, leve les mains, et rend grace à Dieu. « Quelle faveur, lui dit son visir, avez-vous donc reçue du ciel ? — Visir, répond le sultan, j’ai cru mes fils auteurs de ces violences ; c’est pourquoi j’ai voulu qu’on éteignît les flambeaux, qu’on couvrît