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un jour à Mme De Staal : « Il faut l’avouer, ma chere amie, je ne trouve que moi qui aie toujours raison[1] ». Écoutons le talapoin, le bonze, le bramine, le guebre, le grec, l’iman, l’hérétique : lorsque dans l’assemblée du peuple ils prêchent les uns contre les autres, chacun d’eux ne dit-il pas, comme la duchesse de La Ferté, Peuples, je vous l’assure, moi seul j’ai toujours raison ? Chacun se croit donc un esprit supérieur, et les sots ne sont pas ceux qui s’en croient le

    des orthodoxes peu éclairés ont quelquefois donné sur eux aux hérétiques. Si, dans un procès, disent ces derniers, une partie défendoit à l’autre de faire imprimer des factums pour soutenir son droit, ne regarderoit-on pas cette violence de l’une des parties comme une preuve de l’injustice de sa cause ?

  1. Voyez les Mémoires de Mme de Staal.