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la république de Platon. Voilà la raison pour laquelle, en certains pays où les esprits, énervés par la superstition, sont paresseux et peu capables des grandes entreprises, on croit couvrir un homme du plus grand ridicule lorsqu’on dit de lui, C’est un homme qui veut réformer l’état ; ridicule que la pauvreté, le dépeuplement de ces pays, et par conséquent la nécessité d’une réforme, fait, aux yeux des étrangers, retomber sur les moqueurs. Il en est de ces peuples comme de ces plaisants subalternes[1] qui croient

  1. Les bourgeois opulents ajoutent, en dérision, qu’on voit souvent l’homme d’esprit à la porte du riche, et jamais le riche à la porte de l’homme d’esprit : « C’est, répond le poëte Saadi, parce que l’homme d’esprit sait le prix des richesses, et que le riche ignore le prix des lumieres. » D’ailleurs comment la