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par cette raison toujours nécessité aux bons choix. Un prince, au contraire, est peu éclairé : contraint par cette même raison d’attirer près de lui des gens qui lui ressemblent, il est presque toujours nécessité aux mauvais choix. C’est la suite de semblables princes qui souvent a fait substituer les plus grandes places de sots en sots durant plusieurs siecles. Aussi les peuples, qui ne peuvent connoître personnellement leur maître, ne le jugent-ils que sur le talent des hommes qu’il emploie, et sur l’estime qu’il a pour les gens de mérite. « Sous un monarque stupide, disoit la reine Christine, toute sa cour ou l’est, ou le devient. »

Mais, dira-t-on, on voit quelquefois des hommes admirer dans les autres des idées qu’ils n’auroient jamais produites, et qui même n’ont nulle