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Qu’on transporte à Constantinople un philosophe, qui, n’étant point éclairé par les lumieres de la révélation, ne peut suivre que les lumieres de la raison ; que ce philosophe nie la mission

    leurs opinions. N’avons-nous pas vu de nos jours des gens assez fous, et d’un orgueil assez intolérable, pour vouloir exciter le magistrat à sévir contre l’écrivain qui, donnant à la musique italienne la préférence sur la musique française, étoit d’un avis différent du leur ? Si l’on ne se porte ordinairement à certains excès que dans les disputes de religion, c’est que les autres disputes ne fournissent pas les mêmes prétextes ni les mêmes moyens d’être cruels. Ce n’est qu’à l’impuissance qu’on est, en général, redevable de sa modération. L’homme humain et modéré est un homme très rare. S’il rencontre un homme d’une religion différente de la sienne, c’est, dit-il, un homme qui sur ces matières a d’autres opinions que moi ;