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les gens de mérite[1] : de là cet attrait puissant que les gens d’esprit ont les uns pour les autres ; attrait qui les force, pour ainsi dire, à se rechercher, malgré le danger que met souvent dans leur commerce le desir commun qu’ils ont de la gloire : de là cette maniere sûre de juger du caractere et de l’esprit d’un homme par le choix de ses livres et de ses amis. Un sot, en effet, n’a jamais que de sots amis : toute liaison d’amitié, lorsqu’elle n’est pas fondée sur un intérêt de bienséance, d’amour, de protection, d’avarice, d’ambition, ou sur quelque autre motif pareil, suppose toujours quelque ressem-

  1. Les sots, s’ils en avoient la puissance, banniroient volontiers les gens d’esprit de leur société, et répéteroient, d’après les Éphésiens : « Si quelqu’un excelle parmi nous, qu’il aille exceller ailleurs. »