Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

haute opinion qu’ils ont tous de la justesse de leur esprit. C’est sur cette analogie d’idées que sont fondés leur haine ou leur amour. De là cet instinct sûr et prompt qu’ont presque tous les gens médiocres pour connoître et fuir

    décrient sans cesse ceux qui joignent la solidité à l’étendue d’esprit ; ils les accusent de trop raffiner, et de penser en tout d’une manière trop abstraite. « Nous n’accorderons jamais, dit M. Hume, qu’une chose est juste, lorsqu’elle passe notre foible conception. La différence, ajoute cet illustre philosophe, de l’homme commun à l’homme de génie se remarque principalement dans le plus ou le moins de profondeur des principes sur lesquels ils fondent leurs idées. Avec la plupart des hommes tout jugement est particulier ; ils ne portent point leurs vues jusques aux propositions universelles ; toute idée générale est obscure pour eux. »