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Flibustiers, enfantent toujours les guerriers les plus redoutables, tout homme qui ne menera contre de pareils soldats que des hommes sans passions n’opposera que de timides agneaux à la fureur des loups. Aussi la sage nature a-t-elle enfermé dans le cœur de l’homme un préservatif contre les raisonnements de ces philosophes ; aussi les nations soumises d’intention à ces préceptes s’y trouvent-elles toujours indociles dans le fait. Sans cette heureuse indocilité, le peuple scrupuleusement attaché à leurs maximes deviendroit le mépris et l’esclave des autres peuples.

Pour déterminer jusqu’à quel point on doit exalter ou modérer le feu des passions, il faut de ces esprits vastes qui embrassent toutes les parties d’un gouvernement. Quiconque en est doué est, pour ainsi dire,