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de l’humanité, est trop fortement occupé de lui-même. Il est beaucoup d’hommes de cette espece. On les reconnoît d’une part à l’indifférence avec laquelle ils considerent les vices destructeurs des empires, et de l’autre à l’emportement avec lequel ils se déchaînent contre les vices particuliers. C’est en vain que de pareils hommes se disent inspirés par la passion du bien public. Si vous étiez, leur répondra-t-on, réellement animés de cette passion, votre haine pour chaque vice seroit toujours proportionnée au mal que ce vice fait à la société : et, si la vue des défauts les moins nuisibles à l’état suffisoit pour vous irriter, de quel œil considéreriez-vous l’ignorance des moyens propres à former des citoyens vaillants, magnanimes et désintéressés ! de quel chagrin seriez-vous affectés, lorsque vous apper-