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que c’est à la gaze dont cette même pudeur couvre les beautés d’une femme, que le monde doit la plupart de ses

    resses plus délicieuses, les faveurs plus flatteuses, et multiplioit enfin les plaisirs dans la race infortunée des hommes. Si Lycurgue avoit banni de Sparte une certaine espece de pudeur, et si les filles, en présence de tout un peuple, y luttoient nues avec les jeunes Lacédémoniens, c’est que Lycurgue vouloit que les meres, rendues plus forte par de semblables exercices, donnassent à l’état des enfants plus robustes. Il savoit que, si l’habitude de voir des femmes nues émoussoit le desir d’en connoître les beautés cachées, ce desir ne pouvoir pas s’éteindre, sur-tout dans un pays où les maris n’obtenoient qu’en secret et furtivement les faveurs de leurs épouses. D’ailleurs Lycurgue, qui faisoit de l’amour un des principaux ressorts de sa législation, vouloit qu’il devînt la récompense et non l’occupation des Spartiates.