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vanité avec sa coquetterie, lui faire sentir que la pudeur est une invention de l’amour et de la volupté raffinée[1] ;

  1. C’est en considérant la pudeur sous ce point de vue qu’on peut répondre aux arguments des stoïciens et des cyniques, qui soutenoient que l’homme vertueux ne faisoit rien dans son intérieur qu’il ne dût faire à la face des nations, et qui croyoient en conséquence pouvoir se livrer publiquement aux plaisirs de l’amour. Si la plupart des législateurs ont condamné ces principes cyniques, et mis la pudeur au nombre des vertus, c’est, leur répondra-t-on, qu’ils ont craint que le spectacle fréquent de la jouissance ne jetât quelque dégoût sur un plaisir auquel sont attachées la conservation de l’espèce et la durée du monde. Ils ont d’ailleurs senti qu’en voilant quelques-uns des appas d’une femme un vêtement la paroit de toutes les beautés dont peut l’embellir une vive imagination ; que ce vêtement piquoit la curiosité, rendoit les ca-