Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quoi de plus ridicule, par exemple, que la défense faite dans certains pays d’y faire entrer aucun exemplaire de l’Esprit des lois ? ouvrage que plus

    vons ? Témoin cet illustre citoyen, cet organe, ce juge des lois, dont la France et l’Europe entiere arrosent le tombeau de leurs larmes, mais dont elles verront toujours le génie éclairer les nations, et tracer le plan de la félicite publique ; écrivain immortel, qui abrégeoit tout, parce qu’il voyoit tout ; et qui vouloir faire penser, parce que nous en avons besoin bien plus que de lire. Avec quelle ardeur, quelle sagacité, avoit-il étudié le gente humain ! Voyageant comme Solon, méditant comme Pythagore, conversant comme Platon, lisant comme Cicéron, peignant comme Tacite, toujours son objet fut l’homme, son étude fut celle des hommes ; il les connut. Déjà commencent à germer les semences fécondes qu’il jeta dans les