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l’amour le plus déshonnête. Ce goût étoit si général, qu’Aristide, surnommé le Juste, cet Aristide qu’on étoit las, disoient les Athéniens, d’entendre toujours louer, avoit cependant aimé Thémistocle. Ce fut la beauté du jeune Stésiléus, de l’île de Céos, qui, portant dans leur ame les desirs les plus violents, alluma entre eux les flambeaux de la haine. Platon étoit libertin. Socrate même, déclaré par l’oracle d’Apollon le plus sage des hommes, aimoit Alcibiade et Archelaüs. Il avoit deux femmes, et vivoit avec toutes les courtisanes. Il est donc certain que, relativement à l’idée qu’on s’est formée des bonnes mœurs, les plus vertueux des Grecs n’eussent passé en Europe que pour des hommes corrompus. Or cette espece de corruption de mœurs se trouvant en Grece portée au dernier excès, dans