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dévorer, est compté parmi les élus. Au royaume de Martemban, c’est un acte de vertu, le jour qu’on promene l’idole, de se précipiter sous les roues du chariot, ou de se couper la gorge à son passage : qui se voue à cette mort est réputé saint, et son nom est à cet effet inscrit dans un livre.

Or, s’il est des vertus, il est aussi des crimes de préjugé. C’en est un pour un bramine d’épouser une vierge. Dans l’île Formose, si, pendant les

    lui ouvrent le ventre, arrachent son cœur, barbouillent l’idole de son sang, et mangent sa chair comme sacrée. « Le sang innocent, disent les prêtres, doit couler en expiation des péchés de la nation ; d’ailleurs il faut bien que quelqu’un aille près du grand dieu le faire ressouvenir de son peuple ». Il est bon de remarquer que les prêtres ne se chargent jamais de la commission.