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reconnoissance du public moins vive, et la gloire du général moins grande.

La conclusion de ce que j’ai dit, c’est que le public ne juge que d’après son intérêt. Perd-on cet intérêt de vue ? nulle idée nette de la probité, ni de l’esprit.

Si les nations enchaînées sous un pouvoir despotique sont le mépris des autres nations ; si, dans les empires du Mogol et de Maroc, on voit très peu d’hommes illustres ; c’est que l’esprit, comme je l’ai dit plus haut, n’étant en soi ni grand ni petit, il emprunte l’une ou l’autre de ces dénominations de la grandeur ou de la petitesse des objets qu’il considere. Or, dans la plupart des gouvernements arbitraires, les citoyens ne peuvent, sans déplaire au despote, s’occuper de l’étude du droit de nature, du droit public, de la morale,