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foibles, l’auteur et son succès sont bientôt oubliés.

Mais, quand le général a triomphé, le public, avant que de le couronner, a-t-il jamais constaté l’habileté et la valeur des vaincus ? Exige-t-il d’un général ce sentiment fin et délicat de gloire qui, à la mort de M. de Turenne, détermina M. de Montecuculi à quitter le commandement des armées ? « On ne peut plus, disoit-il, m’opposer d’ennemi digne de moi. »

Le public pese donc à des balances très différentes le mérite d’un auteur et celui d’un général. Or pourquoi dédaigner dans l’un la médiocrité que souvent il admire dans l’autre ? C’est qu’il ne tire nul avantage de la médiocrité d’un écrivain, et qu’il en peut tirer de très grands de celle d’un général, dont l’ignorance est quelquefois couronnée du succès. Il est donc inté-