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Quelque certaine que soit cette vérité, et quelque raison qu’aient les gens modestes de douter d’un mérite qui n’a pas passé par la coupelle du public, il est pourtant certain qu’un homme peut, quant à l’esprit, se croire réellement digne de l’estime générale, 1°. lorsque c’est pour les gens les plus estimés du public et des nations étrangeres qu’il se sent le plus d’attrait ; 2°. lorsqu’il est loué[1], comme dit Ciceron, par un homme déja loué ; 3°. lorsqu’enfin il obtient l’estime de ceux qui, dans des ouvrages ou de grandes places, ont déjà fait éclater de grands talents. Leur estime pour lui suppose une grande analogie entre leurs idées et les siennes ; et cette analogie peut être re-

  1. Le degré d’esprit nécessaire pour nous plaire est une mesure assez exacte du degré d’esprit que nous avons.