Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

parce que c’est toujours par un mot de mépris qu’un ennuyé se venge d’un ennuyeux.

On me répondra peut-être qu’aucune société n’accuse les gens du monde de mauvais ton. Si la plupart des sociétés se taisent à cet égard, c’est que la naissance et les dignités leur en imposent, les empêchent de manifester leurs sentiments, et souvent même de se les avouer à elles-mêmes. Pour s’en convaincre, qu’on interroge sur ce sujet un homme de bon sens : Le ton du monde, dira-t-il, n’est le plus souvent qu’un persifflage ridicule. Ce ton, usité à la cour, y fut sans doute introduit par quelque intrigant qui, pour voiler ses menées, vouloit parler sans rien dire. Dupes de ce persifflage, ceux qui le suivirent, sans avoir rien à cacher, emprunterent le jargon du premier, et crurent dire