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temps il entend dire qu’il est des opinions différentes des siennes, il ne les apperçoit pour ainsi dire que dans un lointain confus ; il les croit toutes reléguées dans la tête d’un très petit nombre d’insensés : il est à cet égard aussi fou que ce géographe chinois qui, plein d’un orgueilleux amour pour sa patrie, dessina une mappemonde dont la surface étoit presque entièrement couverte par l’empire de la Chine, sur les confins de laquelle on ne faisoit qu’appercevoir l’Asie, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique. Chacun est tout dans l’univers ; les autres n’y sont rien.

On voit donc que, forcé, pour se rendre agréable aux sociétés particulieres, de se répandre dans le monde, de s’occuper de petits intérêts, et d’adopter mille préjugés, on doit insensiblement charger sa tête d’une