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Cependant il atteint le sommet des montagnes.
Quel spectacle d’horreur ! il voit dans les campagnes
Des guerriers rassemblés sous différents drapeaux
S’attaquer, se défendre, et mourir en héros.
De carnage et de sang ils ont couvert la plaine.
Dieux ! s’écrie Elidor, quelle gloire inhumaine
Appelle ces guerriers dans les champs de la mort ?
Y vont-ils arracher le foible au joug du fort ?
Non : ils ont combattu pour décider peut-être
De deux tyrans cruels lequel sera leur maître.
S’il est, dit Elidor, des mortels vertueux,
Ils vivent ignorés dans les temples des dieux.
Pour trouver le bonheur vîsitons ces asyles.
C’est la que les humains coulent des jours tranquilles.
Ah ! puissé-je y revoir la justice, la paix,
Du reste de la terre exilée à jamais !
Elidor sent en lui renaître l’espérance.
Descendu dans la plaine, auprès d’un temple immense,
Qu’y voit-il ? Habité par des dieux courroucés,
Les murs en sont construits d’ossements entassés.
Il entend retentir les voûtes souterraines
Du sifflement des fouets, du froissement des chaînes,
Des coups sourds des bourreaux, des cris de leur fureur
Mêlés aux cris aigus poussé par la douleur.