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De toutes les vertus zélé persécuteur,
La paix est sur son front, la guerre est dans son cœur ;
Avec horreur le ciel et le voit et l’écoute.
Mais détourne la vue, et vois, par cette route,
Sur ce même rocher gravir ce courtisan,
Au plaisir d’un visir caméléon changeant,
Qui, rampant à la cour, dédaigneux à la ville,
Perfide à ses amis, à l’état inutile,
Et fier du joug des rois qu’il porté avec orgueil,
Attend à leur lever son bonheur d’un coup-d’œil.
Que le bonheur souvent est loin du rang suprême !
Vois ce roi sans son faste, et seul avec lui-même :
Le Remords inquiet l’effraie et le poursuit,
S’enferme en ses rideaux, et le ronge en son lit.
Cependant, jusqu’au pied de la roche fatale,
Où gronde le tonnerre, où la Fortune étale
Ces titres, ces honneurs si chers aux préjugés,
Tous les ambitieux s’étoient déjà rangés ;
Prêts à l’escalader ils s’avancent en foule.
La terre sous leurs pas mugit, tremble, s’écroule :
L’un échappe au danger, et gravit sur les monts ;
L’autre tombe englouti sous des gouffres profonds.
Je vois briller l’acier dans ces mains meurtrieres ;
Les Séjans orgueilleux frappés par les Tiberes ;