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LETTRE II.

VOLTAIRE A HELVÉTIUS.

Vos vers semblent écrits par la main d’Apollon ;
Vous n’en aurez pour fruit que ma reconnoissance.
Votre livre est dicté par la saine raison ;
Partez vîte, et quittez la France.

J’aurois pourtant, monsieur, quelques petits reproches à vous faire ; mais le plus sensible, et qu’on vous a déjà fait sans doute, c’est d’avoir mis l’amitié parmi les vilaines passions. Elle n’étoit pas faite pour si mauvaise compagnie. Je suis plus affligé qu’un autre de votre tort : l’amitié qui m’a accompagné au pied des Alpes fait tout mon bonheur, et je desire passionnément la vôtre. Je vous avoue que le sort de votre livre