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S’applaudít dans ses bras de l’oubli du devoir.
Il ne voit point encor le magique miroir
Qui doit, en lui montrant sa honte et sa foiblesse,
L’arracher pour jamais des bras de la Mollesse.
De son trône ombragé par un feuillage épais
L’œil découvre des bois partagés en bosquets,
Arene des plaisirs, voluptueux théâtre,
Où, variant ses jeux, la vive Hébé folâtre.
Là, conduit par les Ris, je m’avance, et je vois
Des belles s’enfoncer dans l’épaisseur d’un bois,
Fuir le jour, et tomber sur un lit de fougere.
Leurs appas sont voilés d’une gaze légere,
Obstacle au doux plaisir, mais obstacle impuissant ;
Le voile est déchiré, l’amour est triomphant ;
L’amant donne et reçoit mille baisers de flamme,
Sur sa brûlante levre il sent errer son ame ;
Et mon œil attentif voit, au sein du plaisir,
De charmes ignorés la beauté s’embellir.
Plus loin, près d’un ruisseau, sont les jeux de la lutte.
C’est la qu’à son amant une amante dispute
Ce myrte, ces faveurs que sa main veut ravir.
Je les vois tour-à-tour s’approcher et se fuir.
La nymphe cede enfin sur l’arene étendue.
Que de secret : appas sont offerts il la vue !