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Embelli les jardins, et paré nos guérets
Des couleurs de Vertumne et des fruits de Palès.
La vigne croît, s’éleve, et verdit les montagnes ;
Les épis ondoyants jaunissent les campagnes ;
Et le travail enfin de toutes les saisons
De la stérile terre arrache des moissons.
   Mais des premiers mortels lorsque la race entiere
D’une course rapide achevoit sa carriere,
Lorsqu’enfin, par les ans entraînée aux tombeaux,
Elle eut cédé la terre à des mortels nouveaux,
Un nouvel art apprit à l’active avarice
À partager le champ qui d’épis se hérisse.
L’homme s’en rendit maître ; il l’appela son bien.
C’est alors qu’on connut et le tien et le mien,
Et que la terre, entre eux partageant ses richesses,
N’offrit plus aux humains ses communes largesses.
   Un fossé large et creux enferme leur enclos.
C’est là que, se livrant aux douceurs du repos,
Ils vivent quelque temps dans une paix profonde.
Mais qu’il dut être court ce temps si cher au monde !
Dans les hameaux déja je vois le fort s’armer :
Il veut, le fer en main, recueillir sans semer.
De sa coupable audace osant tout se promettre,
Aux plus rudes travaux son orgueil vient soumettre