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NOTES DE LA SECTION X.

toire, disent les lois ; et les lois ordonnent l’indissolubilité du mariage ; quelle contradiction ! Que s’ensuit-il ? Le malheur d’une infinité d’époux. Or, le malheur engendre entre eux la haine, et la haine souvent les crimes les plus atroces. Mais qui donna lieu à l’indissolubilité du mariage ? La profession de laboureur qu’exercerent d’abord les premiers hommes.

Dans cet état, le besoin réciproque et journalier que les époux ont l’un de l’autre allege le joug du mariage. Tandis que le mari défriche la terre, laboure le champ, la femme nourrit la volaille, abreuve les bestiaux, tond les brebis, soigne le ménage et la basse-cour, prépare le dîner du mari, des enfants et des domestiques. Les conjoints, occupés du même objet, c’est-à-dire de l’amélioration de leurs terres, se voient peu, sont à l’abri de l’ennui, par conséquent du dégoût. Qu’on ne s’étonne donc point si le mari et la femme, toujours en action, et toujours nécessaires l’un à l’autre,