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DE L’HOMME,

c’est que les sensations qu’ils y éprouvent, moins émoussées par l’habitude, sont pour eux plus nouvelles.

A-t-on d’ailleurs contracté l’habitude d’un certain travail de corps et d’esprit ? ce besoin satisfait, l’on devient sensible aux amusements mêmes où l’on est passif. Si ces amusements sont insipides au riche oisif, c’est qu’il fait du plaisir son affaire, et non son délassement. Le travail, auquel jadis l’homme fut, dit-on, condamné, ne fut point une punition céleste, mais un bienfait de la nature. Travail suppose desir. Est-on sans desir ? on végete sans principes d’activité. Le corps et l’ame restent, si je l’ose dire, dans la même attitude[1]. L’occupation

  1. Une des principales causes de l’ignorance et de l’inertie des Africains est la fertilité de cette partie du monde : elle fournit presque sans culture à tous