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DE L’HOMME,

noncé les discours que deux autres grands hommes, tels que Corneille et Voltaire, ont été quelquefois quinze jours ou un mois à composer.

En quoi les grands poëtes imitent-ils donc la nature ? En faisant toujours parler leurs personnages conformément à la passion dont ils les animent[1]. À tout autre égard, ils embellissent

  1. Au théâtre, le héros doit toujours parler conformément à son caractere et à sa position. Le poëte, à cet égard, ne peut être trop exact imitateur de la nature. Mais il doit l’embellir en rassemblant, dans une conversation souvent d’une demi-heure, tous les traits de caractere épars dans toute la vie de son héros. Pour peindre son avare, peut-être Moliere mit-il à contribution tous les avares de son siecle, comme nos Phidias tous nos hommes forts pour modeler leur Hercule.