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SECTION VIII, CHAP. XVII.

ne peut-il fixer mon attention par la grandeur de ses images ou de ses pensées ? que son style soit rapide, précis, et châtié. L’élégance continue est quelquefois un cache-sottise[1]. Il faut qu’un écrivain pauvre d’idées soit riche en mots, et substitue le brillant de l’expression à l’excellence des pensées. C’est une recette dont les hommes de génie ont eux-mêmes quelquefois fait usage. Je pourrois citer en exemple certains morceaux des ouvrages de M. Rousseau, où l’on ne trouve qu’un amas de principes et d’idées contradictoires. Il instruit peu ; mais son coloris, toujours vif, amuse et plaît.

L’art d’écrire consiste dans l’art

  1. Il est peut-être aussi rare de trouver un bon écrivain dans un homme médiocre, qu’un mauvais dans un homme d’esprit.