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DE L’HOMME,

Seroit-il plus facile de peindre une Grace qu’un Géant, et de colorier le tableau de la toilette de Vénus que celui du champ de bataille des Titans ? Non : mais, lorsque l’Albane me transporte à la toilette de la déesse, rien n’y réveille le sentiment du respect et de la terreur ; je n’y vois que des objets gracieux, et je donne en conséquence le nom d’agréable à l’impression qu’ils font sur moi.

Au contraire, lorsque Jules-Romain me transporte aux lieux où les fils de la Terre entassent Ossa sur Pélion, frappé de la grandeur de ce spectacle, je compare malgré moi ma force à celle des géants. Convaincu alors de ma foiblesse, j’éprouve une espece de terreur secrete, et je donne le nom de sublime à l’impression de crainte que fait sur moi ce tableau.