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SECTION IX, CHAP. XVIII.

tion et sans esprit pour la bien juger ; où l’on est vivement affecté de cette même chose, et c’est alors l’intérêt du moment qui presque toujours prononce nos jugements.

    mes passions qui jugent de sa vérité ou de sa fausseté. Or, plus mes passions sont vives, moins la raison a de part à mon jugement. Pour triompher du préjugé le plus grossier, ce n’est point assez d’en sentir l’absurdité. Me suis-je démontré le matin la non-existence des spectres ? si le soir je me trouve seul, ou dans une chambre, ou dans un bois, les fantômes et les spectres perceront de nouveau la terre ou mon plancher, la frayeur me saisira. Les raisonnements les plus solides ne pourront rien contre ma peur. Pour étouffer en moi la crainte des revenants, il ne suffit pas de m’en être prouvé la non-existence, il faut de plus que le raisonnement par lequel j’ai détruit ce préjugé se présente aussi habituellement