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DE L’HOMME,

La paresse, un avantage momentané, et sur-tout une soumission honteuse aux opinions reçues, sont autant d’écueils semés sur la route de notre bonheur. Pour les éviter, il faut penser ; et l’on n’en prend pas la peine : on aime mieux croire qu’examiner. Combien de fois notre crédulité ne nous a-t-elle pas aveuglés sur nos vrais intérêts ! L’homme a été défini un animal raisonnable ; je le définis un animal crédule[1]. Que ne lui fait-on pas accroire !

    il est peu de croyants. Mais si l’on prend ce mot dans l’acception commune, si l’on entend par le mot de croyant l’adorateur du bœuf Apis, l’homme qui, sans avoir des idées nettes de ce qu’il croit, croit par imitation, qui, si l’on veut, croit croire, et qui soutiendroit la vérité de sa croyance au péril de sa vie ; en ce sens il est beaucoup de croyants.

  1. Les mœurs et les actions des ani-