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SECTION IX, CHAP. XV.

Qu’un théologien catholique se propose de prouver qu’il est des bâtons sans deux bouts ; rien pour lui de plus facile : il distinguera d’abord deux sortes de bâtons, les uns spirituels, les autres matériels ; il dissertera obscurément sur la nature des bâtons spirituels ; il en conclura que l’existence de ces bâtons est un mystere au-dessus et non contraire à la raison ; alors cette proposition évidente[1]

  1. Chacun parle d’évidence ; et, puisque l’occasion s’en présente, je tâcherai d’attacher une idée nette à ce mot.

    Évidence vient du mot latin videre, voir. Une toise est plus grande qu’un pied ; je le vois. Tout fait dont je puis ainsi constater l’existence par mes sens est donc évident pour moi. Mais l’est-il également pour ceux qui ne sont pas à portée de s’en assurer par le même témoignage ? Non. D’où je conclus qu’une