Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 11.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
198
DE L’HOMME,

ment on ne prédit pas la naissance des monstres.

L’erreur est de mille especes. La vérité au contraire est une et simple ; sa marche est toujours uniforme et conséquente. Un bon esprit sait d’avance la route qu’elle doit parcourir[1]. Il n’en est pas ainsi de l’erreur : toujours inconséquente et toujours irréguliere dans sa course, on la perd à chaque instant de vue : ses apparitions sont toujours imprévues ; on n’en peut donc prévenir les effets. Pour en étouffer les semences, le législateur ne peut

  1. Les principes d’un ministre éclairé une fois connus, on peut, dans presque toutes les positions, prédire quelle sera sa conduite. Celle d’un sort est indevinable. C’est une visite, un bon mot, une impatience qui le détermine ; et de là ce proverbe, que Dieu seul devine les sots.