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SECTION IX, CHAP. XII.

éprouver. La presse doit donc être libre : le magistrat qui la gêne s’oppose donc à la perfection de la morale et de la politique ; il peche contre sa nation ; il étouffe jusques dans leurs germes les idées heureuses qu’eût produites cette liberté.

Le prince doit donc aux nations la vérité comme utile, et la liberté de la presse comme moyen de la découvrir. Par-tout où cette liberté est interdite, l’ignorance, comme une nuit profonde, s’étend sur tous les esprits. Alors, en cherchant la vérité, ses amateurs craignent de la découvrir : ils sentent qu’une fois découverte, il faudra, ou la taire, ou la déguiser lâchement, ou s’exposer à la persécution. Tout homme la redoute. S’il est toujours de l’intérêt public de connoître la vérité, il n’est pas toujours de l’intérêt particulier de la dire.