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SECTION IX, CHAP. VIII.

me une erreur, et rejetée sans être entendue. Les hommes en général approuvent ou condamnent au hasard ; et la vérité même est, par la plupart d’entre eux, reçue comme l’erreur, sans examen et par préjugé.

De quelle maniere une opinion nouvelle partient-elle donc à la connoissance de tous ? Les bons esprits en ont-ils apperçu la vérité ? ils la publient ; et cette vérité, promulguée par eux, et devenue de jour en jour plus commune, finit enfin par être généralement adoptée ; mais c’est long-temps après sa découverte, sur-tout lorsque cette vérité est morale. Si l’on se prête si difficilement à la démonstration de ces dernieres vérités, c’est qu’elles exigent quelquefois le sacrifice, non seulement de nos préjugés, mais encore de nos intérêts personnels. Peu d’hommes sont capables de ce